Si vous nous lisez régulièrement, vous êtes au courant des interprétations suivantes concernant 1 Cor 15:29 et Luc 11:37-41 :
1 Cor 15:29 : se faire baptiser pour les morts ?
Traduction traditionnelle : que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ?
Bible de Jérusalem, 2000 : que feront ceux qui se seront épuisés pour des morts ? Si ceux qui sont réellement morts ne ressuscitent pas, pourquoi s'épuiser pour eux ?
Cette traduction est très intéressante : le mot grec traditionnellement traduit par "baptiser" signifie littéralement "immerger", mais aussi "submerger" avec pour sens second "épuiser", comme dans "je suis submergé, épuisé (sous l'eau)".
Cette traduction de 1 Cor 15:29 par la Bible de Jérusalem (2000) a pour avantage, non seulement de ne pas être en complet décalage avec le contexte comme le sont les autres traductions, mais elle s'harmonise parfaitement avec les versets précédents et suivants.
La pratique d'un baptême pour les morts, que suggèrent les traductions traditionnelles, n'est attestée nulle part ailleurs.
Par contre, les efforts, jusqu'à épuisement, pour amener à une nouvelle naissance (naissance d'en haut) les morts spirituels, sont relatés dans les Actes et les lettres de Paul, entre autres.
Et ceux qui sont maintenant morts physiquement, pourquoi s'être épuisé à les mener au salut s'ils restent à jamais physiquement morts ?
Luc 11:37-41 : donner en aumône pour être pur ?
Comme il parlait, un Pharisien l'invita à déjeuner chez lui. Il entra et se mit à table. Le Pharisien fut étonné en voyant qu'il n'avait pas d'abord fait une ablution avant le déjeuner. Le Seigneur lui dit : "Maintenant vous, les Pharisiens, c'est l'extérieur de la coupe et du plat que vous purifiez, mais votre intérieur est rempli de rapacité et de méchanceté. Insensés ! Est-ce que celui qui a fait l'extérieur n'a pas fait aussi l'intérieur ? Donnez plutôt en aumône ce qui est dedans, et alors tout sera pur pour vous."
Cette dernière phrase est étrange et non cohérente avec ce qui précède. Le commentaire de la Bible de Jérusalem reconnaît d'ailleurs en note b : "Texte d'interprétation difficile". Mais si l'on quitte le grec pour l'araméen, on retrouve deux mots très proches : zakkau, qui signifie "faire l'aumône", et dakkau, "nettoyer, purifier". L'erreur de traduction apparaît alors clairement. Sans doute a-t-elle été faite à partir d'une copie défectueuse du texte araméen ou d'une mauvaise lecture. Quoi qu'il en soit, le verbe "purifier" a plus de sens ici que l'expression "faire l'aumône". La version parallèle de Matthieu (23:26) en apporte la confirmation et se révèle ainsi plus conforme à l'original : Pharisien aveugle ! purifie d'abord le dedans de la coupe, pour que le dehors aussi devienne pur.
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Voici à présent un apport sur le pain super-substantiel :
La Bible de Jérusalem 2000 donne en note de Luc 11:3 (donne-nous chaque jour notre pain...) cette variante :
Que ton Esprit Saint vienne sur nous et nous purifie
Ceci rejoint l'explication disant que le pain super-substantiel est la nourriture céleste, Christ, notre Pain de Vie, Pain du Ciel, Nourriture spirituelle : Il nous nourrit à travers Son Esprit Saint.
Cette variante est bien entendu une interprétation du texte, mais pour celui/ceux qui l'ont donnée comme équivalente, elle avait le même sens que le texte qui est aujourd'hui dans nos bibles.
Ceci confirme que le pain dont il est question dans le Notre-Père est bel et bien notre nourriture spirituelle, éternelle, en plénitude, ici et maintenant.