Cette vie cachée avec Christ en Dieu revêt de nombreux aspects et peut être considérée sous plusieurs angles différents. Il existe un aspect qui m'a beaucoup aidée et inspirée et qui pourra faire de même pour mainte âme affamée. C'est ce que j'appellerai : "la vie sur les ailes".
Le Seigneur ne nous a pas seulement dit de considérer "les fleurs de champs", mais également "les oiseaux du ciel". J'ai découvert que ces petites créatures ailées ont quelques leçons merveilleuses à nous enseigner. Dans l'un des psaumes, le psalmiste décrit l'obscurité et l'amertume de sa vie dans la sphère terrestre de l'épreuve, puis s'écrie : "Oh ! Si j'avais les ailes de la colombe, je m'envolerais et je trouverais le repos. Voici, je fuirais bien loin, j'irais séjourner au désert. Je m'échapperais en toute hâte, plus rapide que le vent impétueux, que la tempête." (Psaume 55:7-9).
Le désir de posséder des ailes est aussi ancien que l'humanité. Nos âmes ont été créées pour voler avec des ailes, et elles ne sont pas satisfaites tant qu'elles ne volent pas. L'aigle qui est né en cage ressent en lui le désir de voler : il s'irrite et enrage d'être constamment emprisonné, ne sachant vraiment à quoi il aspire. Ainsi nos âmes s'irritent, enragent et crient leur désir de liberté. Nous ne pourrons jamais trouver le repos sur terre et nous aspirons à "nous envoler", loin de tout ce qui nous tient prisonnier, nous gène et nous emprisonne ici-bas.
Cette inquiétude et ce mécontentement nous pousse généralement à chercher une issue de secours afin d'échapper aux circonstances dans lesquelles nous nous trouvons et à nos misères. Nous ne comprenons pas toujours tout de suite que notre seul moyen d'échapper à tout cela consiste à "s'envoler avec des ailes". Nous essayons de "fuir à cheval" comme le faisaient les Israélites, lorsqu'ils étaient opprimés par l'épreuve (Esaïe 30:16).
Nos "chevaux" sont les éléments extérieurs dans lesquels nous cherchons le soulagement, un changement quelconque dans les évènements ou l'aide de l'homme. Nous montons sur eux et courons d'Est en Ouest, du Nord au Sud, afin d'oublier nos problèmes. Dans notre ignorance, nous nous imaginons qu'il suffit que les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, changent, pour que nos âmes soient enfin délivrées. Mais tous les efforts que nous ferons pour nous échapper sont inutiles, comme nous l'avons vu maintes fois. Car notre âme n'a pas été faite pour monter des chevaux, mais pour voler avec des ailes.
De plus, ces "chevaux" nous font généralement tomber de Charybde en Scylla, comme c'était le cas pour les Israélites. Tout se passe comme le prophète l'a dit : "Vous serez comme un homme qui fuit devant un lion et que rencontre un ours, qui gagne sa demeure, appuie sa main sur la muraille et que mord un serpent."
Combien de fois avons-nous déjà fui loin d'un "lion" quelconque pour rencontrer ensuite un "ours" ou pour nous cacher dans un endroit et nous faire mordre par un "serpent" ! Non ! Il ne sert de rien à l'âme d'espérer échapper en s'enfuyant loin de ses problèmes vers un refuge terrestre, quel qu'il soit. Car aucun ne peut lui offrir la délivrance qu'elle recherche.
N'y aurait-il donc pour nous aucune sortie de secours, lorsque nous connaissons l'épreuve ou la détresse ? Devons-nous nous résigner et avancer péniblement sous le fardeau, sans espoir de délivrance ? Je suis heureuse de pouvoir dire à chacun d'entre nous qu'il existe un moyen glorieux d'en sortir si nous nous envolons tout simplement et nous échappons loin de tout, pour nous approcher de Dieu. Il ne s'agit pas d'aller à l'Est ou à l'ouest, au Nord ou au Sud, mais plutôt vers le haut. "Ceux qui se confient en l'Eternel, renouvellent leur force. Ils prennent leur vol comme les aigles, ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point."
Toutes les créatures qui possèdent des ailes peuvent échapper à tous les pièges qui se présentent devant elles, si elles s'élèvent assez haut. L'âme qui se sert de ses ailes trouvera toujours une "voie de sortie" assez sûre pour échapper à tout ce qui la blesse ou qui la trouble.
Que sont donc ces ailes ? Leur secret est contenu dans ces quelques mots : "ceux qui espèrent en l'Eternel". L'âme qui espère en l'Eternel est celle qui s'abandonne complètement à Lui et Lui fait parfaitement confiance. Nous pouvons donc appeler nos ailes "abandon" et "confiance". Je veux dire par là que, si nous nous abandonnons entièrement au Seigneur et Lui faisons parfaitement confiance, nous découvrirons que "nous prenons notre vol comme les aigles" vers "les lieux célestes" en Jésus-Christ, où les ennuis et les peines de la terre ne peuvent pas nous troubler.
Les ailes de l'âme la transportent jusqu'à un niveau de vie spirituel, dans la "vie cachée avec Christ en Dieu" où nous pouvons vivre sans nous soucier des circonstances et où aucune cage ne peut nous emprisonner ni aucune chaîne nous lier.
Les "choses d'en haut" sont celles dont se soucie l'âme qui possède des ailes. Elle n'a que faire "des choses de la terre" ; Elle considère la vie et ses expériences d'après ce qu'elle voit, des "lieux célestes en Christ-Jésus" où elle se tient. Les choses prennent un aspect différent selon la manière dont on les regarde. La chenille qui se traîne sur le sol, doit avoir un point de vue différent sur le monde de ce qu'elle aura lorsque ses ailes se seront développées et qu'elle prendra son essor pour s'élever au-dessus des lieux où elle avait rampé. L'âme qui rampe ne voit pas les choses de la même manière que l'âme qui "prend son envol". Le sommet de la montagne peut fort bien resplendir sous l'effet du soleil, pendant que la vallée en bas est encore voilée de brume. L'oiseau peut s'envoler au-dessus de la mélancolie, pour entrer dans la joie d'en haut, à la lumière du soleil.
J'ai passé, une fois, un hiver à Londres. Pendant trois mois consécutifs, nous n'avons jamais pu voir la lumière du soleil en raison des épais nuages de fumée qui planent au-dessus de la ville comme un linceul. Bien souvent, j'ai pu me rendre compte de temps à autre, par une "fente", que le soleil brillait au-dessus de cette fumée, apercevoir un oiseau nimbé de soleil et qui s'élevait à travers le brouillard dans le bleu azuré du ciel. Tous les balais de Londres ne pouvaient faire partir le brouillard, mais si nous pouvions nous envoler assez haut, nous atteindrions une région supérieure.
C'est ce que fait l'âme qui a des ailes. Elle "surmonte" le monde grâce à sa foi. "Surmonter" signifie "monter sur" et non "être écrasé dessous". L'âme qui possède des ailes s'envole au-dessus du monde et des choses qui lui appartiennent. Ces dernières perdent alors le pouvoir qu'elles ont de lier ou de retenir l'esprit qui les "surmonte" avec les ailes de l'abandon et de la confiance. Cet esprit devient "plus que vainqueur".
Les oiseaux surmontent la loi inférieure de la gravitation par la loi supérieure de l'envol. L'âme qui a des ailes surmonte la loi inférieure du péché, de la misère et de l'esclavage par la loi supérieure de l'envol spirituel. La "loi de l'esprit de vie en Christ-Jésus" est nécessairement une loi supérieure et plus puissante que la loi du péché et de la mort. C'est pourquoi l'âme qui s'envole vers cette région supérieure de la vie en Christ, ne peut manquer de conquérir et de triompher.
On peut se demander cependant, pour quelle raison tous les chrétiens ne triomphent pas toujours. Je répondrai que c'est parce que peu d'entre eux "prennent leur vol" pour s'installer dans ce niveau supérieur de vie. Ils se contentent de vivre au même niveau que leurs circonstances. Au lieu de s'élever au-dessus d'elles, ils essayent de les combattre en restant à leur niveau terrestre. A ce niveau-là, l'âme est impuissante. Elle ne dispose d'aucune arme pour vaincre. Au lieu de triompher ou de surmonter les épreuves et les chagrins de la vie terrestre, ces derniers écrasent l'âme.
Nous savons tous, comme je l'ai déjà dit, que nous voyons les choses d'une manière différente, selon notre point de vue. Les épreuves présentent un aspect très différent lorsque nous les considérons d'en haut et lorsque nous les regardons à leur niveau. Ce qui apparait comme un mur insurmontable à son propre niveau, devient une ligne insignifiante pour l'œil qui le contemple depuis le sommet d'une montagne. Les pièges et les peines qui prennent de grandes proportions lorsque nous les regardons de la Terre, deviennent de petites taches insignifiantes à la lumière du soleil, lorsque l'âme prend son envol vers les lieux célestes qui les surplombent.
Une amie voulut un jour me décrire la différence, existant entre trois de ses propres amies. Elle me donna l'illustration suivante : si chacune d'elle devait traverser une montagne spirituelle, la première creuserait avec peine et fatigue, un tunnel pour passer à travers. La seconde errerait sans but, sans trop savoir où elle va, mais parviendrait quand même à destination parce que son but est le bon. Quant à la troisième, elle se contenterait de déployer ses ailes et de survoler la montagne. Je pense que nous savons tous, d'une manière ou d'une autre, ce que représentent ces trois méthodes. Je suis certaine que si, dans le passé, nous avons essayé de creuser un tunnel pour traverser les montagnes qui se dressent sur notre chemin, ou si nous avons erré autour, nous pouvons dès à présent décider d'étendre nos ailes et de "prendre notre envol" pour entrer dans l'atmosphère limpide de la présence de Dieu, où il nous sera facile de vaincre et de surmonter (monter sur) les montagnes les plus hautes.
Je dis "étendre nos ailes et nous élever" parce que les ailes, même les plus grandes, ne peuvent permettre à un oiseau, quel qu'il soit, de s'élever si on ne les utilise pas. Si nous n'utilisons pas nos ailes, elles ne nous servent à rien.
Il n'est pas utile de s'écrier : "Ah ! si seulement j'avais des ailes !... Je pourrais m'envoler !" car nous avons des ailes ! Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas d'avoir d'autres ailes mais d'utiliser celles que nous avons déjà. Chaque âme humaine a en elle-même, le pouvoir de s'abandonner et de faire confiance. Ce pouvoir doit seulement être exercé. Avec ces deux ailes, nous pouvons nous "sauver" vers Dieu à tout instant, mais pour arriver à Lui, nous devons vraiment nous en servir. Il ne suffit pas de vouloir s'en servir. Il faut vraiment le faire et de manière déterminée et active. En nous abandonnant ou en faisant confiance d'une manière passive, nous n'aboutirons à rien. Il faut le faire d'une manière très pratique. En nous abandonnant et en faisant confiance en théorie seulement, nous ne "nous envolerons" pas très haut. Nous ne le ferons pas non plus lors de nos quelques expériences religieuses. Nous devons le faire d'une manière catégorique et pratique, dans chaque détail de notre vie quotidienne. Nous devrons affronter nos déceptions, nos contretemps, nos persécutions, nos ennemis, nos épreuves et nos tentations de toutes sorte avec une soumission et une confiance active et concrète. Nous devons déployer nos ailes et "prendre le vol" vers "les lieux célestes en Christ" qui nous surplombent, afin que ces obstacles perdent leur pouvoir qu'ils ont de nous faire du mal et de nous plonger dans la détresse. Car de ces lieux-là, nous pourrons voir toutes choses comme Christ les voit et la terre se trouvera glorifiée par la vision céleste.
"La colombe n'a ni de griffe ni de dard,
Ni arme pour combattre.
Sa sécurité réside dans ses ailes,
Sa victoire dans son vol.
L'époux ouvre ses bras d'amour,
Pour y serrer la colombe pantelante."
Comme nos vies changeraient si nous pouvions voler au fil des jours sur les ailes de la soumission et de la confiance ! Au lieu de susciter des luttes et de l'amertume en essayant, au sens figuré, de renverser et de piétiner nos frères et sœurs qui nous ont offensés, nous pourrions échapper à toutes ces batailles en déployant simplement nos ailes et prenant notre vol vers la voûte céleste, où nos yeux seraient en mesure de voir toutes choses revêtues d'un manteau d'amour chrétien et de compassion.
Nos âmes ont été faites pour vivre dans cette atmosphère supérieure et nous ne pouvons qu'étouffer si nous demeurons à un niveau inférieur. Nos yeux nous furent donnés pour regarder à partir de ces hauteurs célestes, et notre vision est déformée si nous observons d'une position inférieure. Le fait que notre Père céleste ait merveilleusement mis en place toute la discipline à laquelle notre vie doit s'astreindre, en pensant nous enseigner à voler, est donc une merveilleuse bénédiction pour nous.
Le livre de Deutéronome nous présente une image de la manière dont cet enseignement est dispensé : "Pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes. L'Eternel seul a conduit. Et il n'y avait avec lui aucun dieu étranger."
Pour enseigner à ses petits à voler, l'aigle rend leur nid si inconfortable que les petits n'ont alors qu'un seul désir : le quitter. C'est ainsi qu'ils s'élancent dans le monde inconnu de l'air extérieur. Dieu agit exactement de la même façon avec nous. Il agite nos nids trop confortables et nous pousse par-dessus bord. Nous sommes alors forcés d'utiliser nos ailes pour nous sauver de la chute fatale. Considérez vos épreuves à la lumière de cette vérité et vous verrez si vous ne commencez pas à mieux les comprendre. Vos ailes se développent.
Je connais une femme dont la vie n'était qu'une longue épreuve par la faute d'un mari cruel, pervers et ivrogne. Aucun être humain ne pouvait lui venir en aide. Dans son désespoir, elle se trouva forcée d'utiliser ses ailes pour s'envoler vers Dieu. Pendant les longues années de son épreuve, ses ailes se développèrent à un tel point, qu'au plus fort de la tempête, elle avait l'impression que son âme était transportée sur un magnifique arc-en-ciel pour se retrouver de l'autre côté, dans un merveilleux lieu de repos.
Avec une telle vision, nous pourrons certainement accepter avec reconnaissance chaque épreuve, qui nous oblige à nous servir de nos ailes car c'est ainsi seulement qu'elles grandissent et se fortifient et nous permettront de nous envoler au loin. Les ailes que l'on n'utilise pas s'atrophient et perdent toute capacité de voler. Si notre vie ne nous offrait aucune occasion de voler, nous risquerions de perdre tout pouvoir de le faire.
Vous demanderiez-vous peut-être : mais n'existe-t-il aucun obstacle qui puisse nous empêcher de voler, même si nos ailes sont puissantes et que notre âme s'efforce de les utiliser ? Je répondrai : Si. On peut emprisonner un oiseau dans une cage, l'attacher au sol avec une corde, lui imposer un fardeau qu'il sera obligé de traîner ou le faire tomber dans le "filet de l'oiseleur". Les obstacles qui répondent à toutes ces images dans le domaine spirituel, peuvent empêcher notre âme de voler, tant que la puissance divine ne l'a pas libérée.
L'un des "filets de l'oiseleur" qui fait tomber de nombreuses âmes est le filet du doute. Les doutes apparaissent si plausibles et souvent si humbles que les chrétiens tombent dans leurs "pièges" sans même penser un instant qu'il s'agit d'un piège. Ils ne s'en rendent compte que lorsqu'ils sont pris et incapables de s'envoler. Il est tout aussi impossible pour l'âme qui doute de s'envoler, que pour l'oiseau qui est pris dans le filet de l'oiseleur.
La raison en est évidente : l'une de nos ailes, celle de la confiance, est complètement neutralisée par le moindre doute ; de même qu'il faut deux ailes pour qu'un oiseau s'élève dans les airs, ainsi il faut deux ailes pour qu'une âme s'envole. Un grand nombre de chrétiens font tout ce qu'ils peuvent, mais ne font pas confiance. Ils déploient l'aile de la soumission et l'utilisent vigoureusement, s'étonnant ensuite de voir qu'ils ne peuvent pas prendre leur envol. Ils ne pensent pas même un instant que c'est parce que l'aile de la confiance pend, toute penaude, à leur côté. Parce qu'ils se servent d'une seule de leurs ailes, les chrétiens font des efforts infructueux pour voler.
Regardez l'oiseau à l'aile brisée qui essaie de s'envoler. Vous comprendrez tout de suite quel genre de mouvement l'être qui ne se sert que d'une aile doit effectuer. Nous devons nous servir de nos deux ailes ou alors ne pas essayer de voler.
Mais pour certains, le filet de l'oiseleur réside dans une forme assez subtile de péché, dans un manque inavoué de consécration. Dans un tel cas, l'aile de la confiance semblera bien fonctionner, mais ce sera au tour de l'aile de soumission de pendre sur le côté. Il sera tout aussi vain d'essayer de voler en ne se servant que de l'aile de la confiance que de vouloir voler avec la seule aile de la soumission. Il faut utiliser les deux ailes, sinon, il est impossible de voler.
L'âme se sent peut-être parfois comme dans une prison de laquelle elle ne parvient pas à échapper. Elle ne peut donc prendre son vol. Aucun barreau de prison ne peut emprisonner l'âme. Aucun mur, aussi haut soit-il et aucun boulon, aussi fort soit-il, ne peuvent emprisonner un aigle tant qu'il y a au-dessus de sa tête un espace libre pour prendre le vol. La puissance de la terre ne peut retenir l'âme en prison tandis que la voie céleste est libre et ouverte. Nos ennemis peuvent ériger autour de nous de hautes murailles, ils ne peuvent cependant pas édifier de barrière entre Dieu et nous ; si nous "prenons" le vol, nous pourrons nous élever plus haut que tous ces obstacles.
Si nous nous retrouvons en prison, nous pourrons être certains de ceci : ce n'est pas notre environnement terrestre qui constitue une cellule, car les ailes de l'âme se moquent de tous les barreaux et les murs que la terre peut présenter. Le seul élément qui peut vraiment emprisonner l'âme est ce qui l'empêche de voler. Le prophète nous révèle que ce sont nos iniquités qui ont établi un mur de séparation entre Dieu et nous et que ce sont nos péchés qui nous ont caché Sa face. C'est pourquoi si notre âme est emprisonnée, c'est parce qu'une barrière a été érigée entre le seigneur et nous, par un péché que nous tolérons dans notre vie. Nous ne pourrons pas nous envoler, tant que nous n'aurons pas abandonné ce péché.
Mais souvent, même en l'absence de tout péché flagrant l'âme se sent inconsciemment attachée à un élément terrestre et lutte ainsi en vain. Plusieurs de mes amis étaient un jour en Norvège et décidèrent de faire en barque le tour d'un fjord ; ils s'installèrent donc et commencèrent à ramer avec énergie mais le bateau ne bougea pas. Ils forcèrent davantage sur les rames, mais ce fut en vain. La barque n'avançait pas d'un centimètre. Alors, l'un de mes amis découvrit soudain que leur embarcation était encore amarrée. Il s'écria : "Comment s'étonner que nous ne puissions avancer, car nous tirions derrière nous toute l'Europe !" Nos âmes de la même manière, ne sont pas toujours délivrées de l'ancre des biens terrestres. Nous devons nous libérer. Un aigle, à la patte duquel on attacherait un poids de cent tonnes, n'aurait aucune chance de s'envoler. De même, l'âme qui est alourdie par les soucis, et les anxiétés de la terre, ne peut s'élever. Elle reste accrochée à la terre.
Lorsque notre Seigneur essaya de mettre en garde Ses disciples contre ce danger, Il leur raconta une histoire : celle d'un grand souper auquel furent invitées un grand nombre de personne, dont la plupart ne vinrent pas parce que les soucis de la terre les en empêchaient. L'une avait acheté une parcelle de terrain, l'autre une paire de bœufs et la troisième venait de se marier. Toutes les trois pensaient que cela méritait leur attention.
Les femmes, les bœufs ou les terres, ou même des choses bien plus humbles peuvent fort bien constituer les cordes qui attachent l'âme et l'empêchent de voler, ou les poids qui la retiennent. Coupons donc toutes les cordes et déplaçons toutes les barrières afin que nos âmes ne trouvent plus d'obstacle susceptible de les empêcher de prendre leur vol comme les aigles, pour atteindre les lieux célestes en Jésus-Christ.
Il nous est enjoint de remplir nos cœurs de chants de joie et de chanter une mélodie intérieure au Seigneur. Mais tant que nous ne prendrons pas le vol, cela nous sera impossible, car la seule créature qui peut chanter est celle qui vole. Lorsque le prophète déclara que même si la terre entière était dans la désolation, il continuerait à se réjouir en Dieu, dans le Dieu de son salut, son âme se servait certainement de ses ailes. Paul savait ce que représentait le fait de se servir de ses ailes, notamment lorsqu'il se trouvait dans "la tristesse" et cependant "se réjouissait". Au niveau purement terrestre, tout était bien sombre pour Paul et le prophète, mais au niveau céleste tout brillait dans la lumière du soleil.
Cher lecteur, as-tu une idée de ce qu'est la vie qui se sert des ailes ? T'élèves-tu continuellement vers Dieu, au-dessus et en dehors des soucis et des épreuves de la terre, vers ce niveau supérieur de la vie où tout est paix et triomphe, ou marches-tu péniblement, au sein de tes épreuves, te laissant constamment accabler ?
Gardons-nous bien, ici, de commettre une erreur. Ne pensez pas que par "voler", j'entends nécessairement des sentiments très joyeux ou même d'hilarité quelconque. Il existe une certaine forme courante de "vol" qui n'a rien à voir avec ce dont je parle. On peut la comparer à ce vol qui fait descendre la feuille de l'arbre et la dépose à terre. Ce vol s'arrête dès que le vent cesse. Le vol dont je parle est une question de principe et non de sentiments. Il peut s'accompagner de sentiment de joie, mais il n'en dépend pas. Il s'appuie essentiellement sur une entière soumission et confiance absolue. Quiconque utilise honnêtement ces deux ailes et le fait avec fidélité et persévérance, découvrira qu'il a déjà pris son vol comme un aigle, quels que soient les sentiments ressentis auparavant.
Car la promesse est certaine : "Ceux qui se confient en l'Eternel prennent leur vol comme les aigles". Il n'est pas dit : "ils prendront peut-être leur vol" mais "ils prennent leur vol". Voilà le résultat inévitable. Puissions-nous tous le vivre !
"Elle n'a ni magasin, ni graine à semer,
Mais elle chante et ne veille à rien.
Dans les jours sombres,
Ou quand manque la nourriture,
Elle chante pour faire honte
Aux hommes qui oublient, par crainte du besoin,
Le nom de leur Père.
Le cœur qui a confiance chante pour toujours,
Et se sent aussi léger que s'il avait des ailes.
Au-dedans de lui jaillit une source de paix,
Que vienne le bien ou le mal.
Quoi qu'apportera aujourd'hui ou demain, c'est ce qu'Il veut."
(Hannah W. Smith dans Le secret du chrétien pour une vie heureuse)
Source: J-Cl & L B.