La notion de tiers exclu consiste par exemple à donner à quelqu'un le choix entre deux alternatives, ni plus ni moins...
...donc pas de 3ème alternative, d'où le terme de "tiers exclu" - ce qui, venant d'une personne mal intentionnée (ou maladroite) peut conduire à des choix entre deux alternatives dont aucune n'amène de solution convenant à la personne mise devant un de ces choix.
Par exemple, si votre patron vous donne le choix entre effectuer des tâches que vous n'aimez pas, ou faire les mêmes tâches qu'actuellement mais dans une succursale 300 km plus loin, il est probable qu'aucune de ces alternatives ne vous conviendra, et que vous serez perdant dans les 2 cas.
Il manque ici une tierce alternative (p.ex. chercher un collègue qui aime effectuer ces tâches) ou encore (mais là ça se complique) une tierce méta-alternative (un niveau au-dessus de l'alternative) qui consisterait à permettre de ne pas choisir.
Dans le monde chrétien, on trouve ce type d'alternatives à tiers exclu. Un exemple et un contre-exemple :
1. choix entre évolution ou création
On a l'impression, lorsqu'on parle avec un créationniste pur et dur, que si l'on n'est pas créationniste, on est évolutionniste - ou que si on est évolutionniste, on ne peut pas être créationniste. Pour résumer de manière un peu caricaturale (quoique...) : soit on est croyant et créationniste, soit on est évolutionniste et athée. Point. Ici, le tiers est exclu de manière absolue.
Or, il y a au moins 2 manières de se sortir de ce piège que constitue l'utilisation du choix à tiers exclu :
- Soit on n'y connaît pas grand chose sur le sujet, et on peut dire p.ex. : "désolé, mais je n'en sais pas assez là-dessus, je ne choisis donc pas pour le moment".
- Soit on a approfondi le sujet, et on peut répondre p.ex. "je crois qu'il y a évolution, mais pilotée par Dieu, en une création continue".
2. pour ou contre Jésus
On utilise de manière péremptoire le verset de Matthieu 12:30 : Celui qui n'est pas avec moi est contre moi. Ici, le choix est absolu, et le tiers exclu : c'est moi et rien d'autre... mais c'est semble-t-il oublier Marc 9:40 : Qui n'est pas contre nous est pour nous. Le choix est toujours absolu, mais plus large : c'est moi et d'autres.
De plus, on pourrait croire se trouver devant un choix de choix : lequel de ces 2 versets (qui chacun parle de choix) choisir ? En effet, non seulement chacun de ces versets offre des choix, mais on peut être amené à croire qu'il faut choisir entre ces 2 versets...
Ici cependant, on se trouve devant un faux dilemme - il faut regarder le contexte de ces 2 versets pour résoudre ce noeud : non seulement ces 2 versets ne se contredisent pas, mais ils sont de types différents.
Le premier, bien qu'absolu (nous sommes dans le cas du tiers exclu) n'a pas pour objectif de "coincer" la personne qui doit faire le choix, mais au contraire de bien lui faire comprendre qu'elle est devant le choix entre celui qui donne la vie et celui qui donne la mort. Il n'y a pas d'état possible entre les deux : ce choix à tiers exclu est incontournable. Et ne pas choisir, c'est se faire happer à la première occasion par l'ennemi de nos âmes (ici, le libre arbitre est devant un choix absolu).
Le second, au contraire, refuse l'exclusivité : celui qui fait du bien n'est pas obligatoirement de manière visible dans notre camp - ce n'est pas celui qui dit "Seigneur, Seigneur...", mais celui qui fait ma volonté. Et ne pas choisir n'a pas de sens : je ne suis pas contre, mais pas non plus visiblement, "officiellement" pour - ou dit autrement : je suis pour Jésus, par défaut, car je ne suis pas contre Lui, et mes oeuvres, mes fruits le démontrent (mon libre arbitre n'est pas requis de manière absolue).
Il est à noter que c'est le contexte de Qui n'est pas contre nous est pour nous qui nous permet d'avancer ce que nous disons ci-dessus. Si nous prenons un autre contexte, celui de Pilate par exemple, il n'était pas contre Jésus, mais plutôt pour - cependant, le fait de ne pas décider jusqu'au bout qu'il n'était pas contre Lui, s'est retourné contre Jésus. Autre contexte, autre issue...
Conclusion
Soyons exclusifs quand la vie est en jeu, et aussi quand ne pas choisir conduit à la mort. Dans les autres cas, ayons la sagesse de bien poser les critères de manière à ce que le libre arbitre le plus élémentaire soit respecté.