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La Septante, Bible des premiers chrétiens

La Septante est le nom que l’on donne à la traduction grecque du texte biblique effectuée à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. Pour le livre de la Genèse, elle ne présente pas de différences majeures avec le texte rabbinique [...].
On peut noter quelques adaptations liées au contexte culturel. Un exemple tout simple est celui des anneaux. Dans le texte hébreu, le serviteur met un anneau au nez de Rebecca (Genèse 24 : 47), ce qui correspond à la mode de l’époque. Pour les Grecs, en revanche, cela paraissait plutôt étrange. Le traducteur a effacé ce détail et sa traduction laisse plutôt entendre que ce sont des boucles d’oreille, ce qui convient mieux au mœurs grecques.
Il y a aussi des différences factuelles, notamment dans les généalogies. Tandis que d’Adam à la venue en Egypte, le texte rabbinique compte 2238 ans, la Septante en compte 3 624 ans (soit 1386 années d’écart).
Genèse 11 : 12-15 (Texte rabbinique)Genèse 11 : 12-15 (Septante)
« Arpacschad, âgé de trente-cinq ans, engendra Schélach. Arpacschad vécut, après la naissance de Schélach, quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.  Schélach, âgé de trente ans, engendra Héber. Schélach vécut, après la naissance d’Héber, quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.»« Et Arphaxad vécut cent trente-cinq ans et il engendra Kaïnan. Et Arphaxad vécut après qu’il eut engendré Kaïnan, quatre cent trente, et il engendra des fils et des filles et il mourut. Et Kaïnan vécut cent trente ans et il engendra Sala. Et Kaïnan vécut après qu’il eut engendré Sala, trois cent trente ans et il engendra des fils et des filles »
Outre la différence des âges d’engendrement, nous remarquons dans la Septante l’existence d’un Kaïnan. Dans le texte rabbinique, Arpacshad est le père de Schélach et a 35 ans au moment de la naissance de son fils. Dans la Septante, Arphaxad est le père de Kaïnan, qui est le père de Sala. Arphaxad est donc le grand-père de Sala et a 265 ans (135+130) au moment de la naissance de Sala.
Une autre différence est le nombre de personnes descendues en Egypte. D’après le texte rabbinique, ils sont soixante-dix, tandis que dans la Septante ils sont soixante-quinze.
Texte rabbinique (Genèse 46 : 27)Septante (Genèse 46 : 27)
« Et Joseph avait deux fils qui lui étaient nés en Égypte. Le total des personnes de la famille de Jacob qui vinrent en Égypte était de soixante-dix. »« Les fils de Joseph, nés de lui en la terre d’Égypte, étaient au nombre de neuf. Il y avait donc, de la maison de Jacob, soixante-quinze âmes en Égypte. »
Or ce qui est intéressant c’est que dans le Nouveau Testament on trouve des références à ces évènements. Au début de son évangile, Luc établit la généalogie de Jésus et on constate que Kaïnan apparaît bien dans cette généalogie : « fils de Sala, fils de Kaïnam, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé » (Luc 3 : 35-36)
Par ailleurs, Etienne, lors de son discours, juste avant sa lapidation, déclare que soixante-quinze personnes sont descendues en Egypte : « Puis Joseph envoya chercher son père Jacob, et toute sa famille, composée de soixante-quinze personnes » (Actes des apôtres 7 : 14)
En soit, ces différences factuelles n’ont bien sûr aucune importance, mais elles sont intéressantes car elles montrent que les premiers chrétiens, et notamment les hellénistes, utilisaient plutôt la version de la Septante.
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