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L'effet papillon

1ère considération : Jean 6:37


TOB
Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas

SEG21
Tous ceux que le Père me donne viendront à moi et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi

NBS
Tout ce que le Père me donne viendra à moi; et celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors

Original à partir du grec
Tout ce que le Père me donne arrivera à moi - et celui qui vient à moi, je ne le jetterai en aucun cas loin dehors

NBS est le plus proche de l'original, qui est radical : "en aucun cas je ne chasserai violemment celui qui vient à moi"


2ème considération : 


Lorsque Jésus dit "Malheur à vous" (selon les traductions habituelles) en Luc 11 et Matthieu 23, SEG21 a aussi "Malheur à vous", TOB a "Malheureux êtes-vous", et NBS a "Quel malheur pour vous".

L'original à partir du grec a "Hélas pour vous", plus proche de TOB et NBS que de SEG21.


Constatation :


De toute évidence (nous l'avons déjà vu dans d'autres circonstances) SEG21 n'a effectué qu'une refonte superficielle de la Segond traditionnelle. NBS a été beaucoup plus loin, cherchant à être au plus proche de l'original grec, et aussi de la réalité de Dieu : Dieu est amour, et en aucun cas il ne repoussera celui qui vient à lui - et il ne condamnera pas par un "Malheur à vous" mais regrettera par un "Quel malheur pour vous".


Analyse :


Par "effet papillon" (sensibilité aux conditions initiales), en n'étant pas fidèle à de nombreuses reprises au texte original, une traduction peut donner à l'ensemble d'un texte une orientation complètement différente de l'intention originelle.

Nous voyons dans les exemples cités qu'en traduisant fidèlement les textes de la Bible, l'amour de Dieu apparaît sous sa réalité absolue : son amour est inconditionnel ("je ne le chasserai jamais dehors"), et même ses ennemis sont aimés ("Quel malheur pour vous").


A cette lumière, allons plus loin :


Jésus dit à plusieurs reprises (cité ici de manière générique) : "on vous a dit que faire ceci ou cela est péché, mais moi je vous dis que vous avez déjà péché en pensant faire ceci ou cela" et "votre justice doit être plus exigeante que celle des personnes les plus exigeantes".

A la lumière des textes de la SEG21 cela ne choque pas (puisque l'amour de Dieu ne semble pas absolu), mais comment expliquer ces sentences rédhibitoires à la lumière de l'amour absolu de Dieu émergeant des textes de la NBS ?

A ceux qui lui demandent "qui peut être sauvé dans ces conditions ?", Jésus répond en substance : "c'est impossible aux hommes, mais c'est possible à Dieu".

Quel est ce "possible à Dieu" ? La réponse est simple : la grâce.


Prenons le fil rouge de la Bible :


Ce qui condamne l'être humain, c'est son attirance pour l'arbre de la connaissance du bien/mal, qui a pour conséquence que Dieu, de manière pédagogique, lui donne des lois à suivre - non pas pour qu'il les suive (il ne le peut pas), mais pour qu'il se rende compte de son incapacité à les suivre (c'est ce que Paul explique en Romains).

Lors donc que Jésus va encore plus loin en affirmant que nous sommes non seulement coupables en ne pratiquant pas la loi, mais déjà en pensant la contourner, c'est encore de la pédagogie : "vous prétendez accomplir la loi ? D'accord, mais moi je vous dis que vous la contournez déjà en pensées" - le verdict est total. Qui peut être sauvé, dans ces conditions ? C'est impossible aux hommes, mais c'est possible à Dieu, qui fait grâce et qui donne de quoi réaliser sa volonté : c'est l'arbre de vie, littéralement le bois de vie, la croix.